Par Felipe Van Keirsbilck (représentant Alter Summit et Secrétaire général de la CNE)
Juin 2015
Les premiers bilans de l’action de Syriza sont forcément complexes et contradictoires. Les défis étaient trois fois gigantesques : la Grèce souffre depuis très longtemps d’injustices et de déséquilibres (fiscaux, entre autres) ; les 5 années sous Troïka ont détruit l’appareil productif et le système social ; et les « partenaires » européens font tout, aujourd’hui, pour casser le gouvernement grec.
Un échec de ce gouvernement n’est donc pas impossible ; une nouvelle chape de plomb d’austérité pèserait alors sur nous tous, et sur les nouveaux pouvoirs qui pourraient s’installer dans les régions d’Espagne.
C’est à la lumière de cette bataille européenne que de premiers bilans peuvent être esquissés de 100 jours de gouvernement Tsipras : des promesses tenues, d’autres non ... Mais, bien plus qu’aux bilans, l’heure est surtout à la mobilisation. Car au niveau européen, la pression sur le gouvernement grec est maximale – et explique la plus grande partie des déceptions de ces 100 jours... Les institutions européennes et les chantres de la « rigueur » budgétaire ont une peur bleue de l’exemple grec, et n’ont pas l’intention de permettre à quiconque d’ouvrir une voie alternative à l’austérité. Tous les moyens seront bons pour imposer aux populations européennes la fuite en avant néo-libérale.
Comme le dit Tassos Koronakis, secrétaire du Comité central de Syriza, l’heure de vérité a sonné pour l’Europe : c’est ainsi qu’il appelle les forces sociales à se mobiliser pour la Grèce et contre l’austérité. Le 2 mai dernier à Athènes, plus de 40 organisations européennes se sont réunies et ont décidé une série d’actions contre l’austérité et en solidarité avec le peuple grec.
Entre le 20 et le 26 juin, une semaine d’action mobilisera le mouvements social européen (lire l’appel dans cette newsletter). C’est une première occasion historique de lier nos luttes nationales avec notre soutien clair au peuple grec, à ses mouvements sociaux et aux positions anti-austéritaires de son gouvernement.
D’autres actions se poursuivront à l’automne, sur la Grèce, sur la dette, contre le TTIP et l’austérité ou encore sur le climat, à Paris. Loin d’être de multiples enjeux séparés, dette, Grèce, climat et austérité sont définis par une même ligne de partage : les intérêts des peuples contre ceux des banques et des multinationales. C’est face à ces adversaires déterminés que notre tâche, inlassablement, est de construire l’unité des mouvements sociaux européens.